Je remercie les Editions Black Ink pour ce Service de Presse.
« (In)justice » est une romance à suspense assez sombre.
Manon Donaldson ne va jamais dans les romances faciles et là encore c’est le cas. On est bien loin de la romance douce et idyllique… si c’est que vous cherchez, je pense qu’il vaut mieux passer son chemin !
La plume comme d’habitude est addictive car pointue, précise, couplée d’une trame intrigante toujours très bien amenée, dont la romance à proprement parler va n’arriver que dans la seconde partie du livre. Vu le résumé et la situation de départ, c’est un peu normal que le tout prenne son temps pour se mettre en place. Mais s’ajoute à ça un personnage masculin, Drake, très détaché, un malfrat, un tueur à gages, qu’on pourrait croire sans âme, qui ne fait pas dans la dentelle, le roi des têtes de mule, pour être polie, qui peut avoir du mal à convaincre à l’amour, ce qui a été un peu mon cas. En revanche, on ne peut pas lui enlever sa franchise, car il donne le ton de suite, on sait qu’il ne sera pas un « lover-flower», si vous voyez ce que je veux dire.
Quant à Kaly, elle me fait penser à la métamorphose du papillon. Dans des conditions inimaginables, elle va passer d'un bébé chenille à un magnifique papillon, assumant ses choix, envies, se libérant d'un lourd passé encombrant. Grâce à son intelligence, son éducation et sa capacité d'analyse, elle est étonnante.
Manon a créé un sacré jeu de dupes entre ses deux héros, qui arrivera à ses fins avant l’autre. Leurs objectifs sont divergents, au départ, mais pourtant, se rejoignent dans le fond. Leurs manœuvres ne sont jamais dénuées de sens, peuvent faire néanmoins tomber l’autre à tout moment, et ce jeu fait complètement partie de leur mode de fonctionnement, comme un troisième personnage entre eux. Si Kaly est carrément novice à cet exercice, tout en étant surprenante, Drake y est très expérimenté.
J’y ai trouvé pas mal de passages narratifs, qui vous le savez, ne sont pas ma tasse de thé, puisque les héros sont beaucoup dans l’analyse de leur situation, avançant leur pièce comme sur un échiquier, essayant d’envisager et de parer les coups adverses, quels que soit leur origine. Mais je comprends qu’ils soient nécessaires à l’avancement et la compréhension des rouages de l’esprit de chacun.
Il y a une constante tension tout au long du livre, maintenue par cette volonté d’arriver à ses fins, sans se faire prendre, en supposant les conséquences qui en découleront… Ce n’est pas une tension sexuelle, au début, même si le désir apparaît petit à petit, de manière interdite, non assumée mais brute. Puis, il devient une arme, un jeu dans leur provocation à emmener l’autre dans ses filets et ses intentions.
Tous ces éléments mis bout à bout en font une romance atypique comme sait très bien les écrire Manon, où une multitude de sentiments s'entremêlent, soumis à une telle pression, qu’il ne faut jamais rien montrer parce qu’ils pourraient se retourner contre vous. C’est difficile de s’attacher à ses héros dans ces conditions même si leur passé ne peut que nous toucher, leurs objectifs également, malgré des moyens employés qui ne sont pas toujours les meilleurs. Et d'un autre côté, ne voudrait-on pas un peu faire comme eux après ce qu'ils ont subi. Quand la justice fait parfois défaut ...
C’est encore une sacrée histoire à suspense que Manon a mis en mots, qui nous met sous tension, et nous tient en haleine jusqu’au bout. Certains aspects m’ont moins embarquée que d’habitude, mais « l’effet Donaldson » a su rendre le tout addictif avec son style particulier.
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