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Jeu Vespéral - Angel Arekin




Je remercie les éditions Black Ink pour ce service presse.

J’ai presque lu tous les romans d’Angel Arekin, sauf « Le Porteur de mort » et « No love no fear», la lecture de « Dirty Duet » étant actuellement en cours. Mais je n'avais pas eu l'occasion de lire "Jeu Vespéral". Habituellement les romans historiques ne sont pas mon genre de prédilection. Mais j’étais vraiment curieuse de découvrir ce roman, parce que je sais que Léni excelle dans la Dark.


Je ne sais pas vraiment par où commencer cette chronique, ni quelle trame je vais lui donner. Je laisse mes doigts pianoter sur mon clavier et on verra bien où cela nous mène. Il y a tant à dire sur « Jeu Vespéral ». C’est tout d’abord un roman difficile, qui ne doit pas être placé entre toutes les mains. Il faut se préparer à une lecture dense, prenante, qui ne peut pas se lire sans être un minimum concentré. L’histoire remue, chamboule, choque, interroge et scandalise. C’est le but.


Hannah et Laurent sont liés depuis qu’ils sont enfants, ils s’aiment très fort. L’une est fille de servante, l’autre est fils de marquis. Devenus adultes ils se marieront. Leurs mœurs libertines fondent le sel de leur union. Pourtant, au-delà de cette façade, où seule la recherche du plaisir compte, un passé sombre et douloureux est à l’origine de leur union. Nous sommes au siècle des Lumières, la Révolution n’est pas loin, le peuple va bientôt se soulever, galvanisé par des idées nouvelles et mettre à mal la noblesse française…


Léni nous raconte d’abord le quotidien de ce couple qui s’aiment démesurément. Chacun prend le plaisir là où il se trouve. Plus on avance dans le récit, plus on devine combien ils sont abîmés, voire détruits. Pourtant, s’ils souffrent, ils se soutiennent quoiqu’il advienne. Leur amour n’en est que plus beau. Alors qu’ils se voient contraints de raconter leur passé, on plonge dans un univers bien plus sombre et violent, et c’est à ce moment là que Charles, leur bourreau, va faire son entrée et nous dévoiler les secrets du jeu vespéral.

Lorsque l’on referme un roman comme celui-ci, il est difficile de s’en détacher. Il est difficile de ne plus y penser, et il est difficile de rassembler ses idées, tant « Jeu Vespéral » questionne. La psychologie des personnages est finement travaillée, comme Léni en a l’habitude. Elle a réussi à nous immerger dans l’ambiance de l’époque et à nous faire ressentir l’atmosphère glaçante et fastueuse du château de Vaux-Le-Marsant. A mon sens, il ne s’agit pas de romance ici. Bien sûr l’amour est présent, et c’est bel et bien à cause de ce sentiment si puissant que Hannah et Laurent subiront les affres de la perversité de Charles. Et c’est aussi grâce à ce même sentiment qu’ils pourront y survivre.


"Que seriez-vous prêt à supporter par amour", pourrait être une des questions inhérentes à ce roman. La dévotion et l’abnégation dont font preuve Hannah et Laurent est aussi poignante que déconcertante. On se demande comment ont-ils fait pour subir tant d’infamies et à la fois légitimement, on s’interroge sur leur incapacité à se rebeller contre Charles. Mais il ne faut pas sous-estimer ce personnage, atout maître de ce roman. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne laisse pas indifférent. Il vous écœure et à la fois vous retourne la tête, comme il a si bien su le faire avec Hannah. Sous couvert du libertinage et de la recherche du plaisir, il est prêt à tout. Un être abject ? Probablement, mais surtout un homme englué dans sa folie et sa perversité. C’est un fin manipulateur, un pervers narcissique. Il jalouse la relation qui existe entre Laurent et Hannah. Il fait preuve d’une violence inouïe envers ceux-ci, que ce soit en actes ou en paroles. Il aura ravagé les âmes d’Hannah et Laurent…Cet homme est le mal, conditionné par une enfance détruite, qui reproduit puissance mille ce qu’il a vécu. Il blesse puis câline. Entre Hannah, Laurent et Charles, c’est une histoire de passion, de haine et d’amour, dont les frontières se mélangent et s’entremêlent, si bien qu’on n’en voit plus vraiment les contours…


C’est brillant parce que le lecteur est pris dans ce tourbillon d’amour, de perfidie et de philosophie. C’est inclassable parce que c’est atypique, déroutant et dérangeant. C’est subversif mais pour comprendre pourquoi je dis ça, il faut lire « Jeu Vespéral ». C’est audacieux parce qu’il faut, malgré tout un certain courage pour écrire cette histoire qui joue avec notre moralité. C’est osé et à la fois probablement réaliste de certaines mœurs du 18ième siècle.


Tous ces qualificatifs font de « Jeu Vesperal », un des romans les plus dark qu’il m’ait été donné de lire. Il démontre tout le talent contenu dans la plume de Léni, ce qui n’est plus à prouver depuis bien longtemps. Ce n’est pas une histoire qui se note à proprement parler, elle est hors concours, « hors jeu » si je puis dire. N’y voyez rien de péjoratif, bien au contraire. C’est si déviant, si fou et si beau à la fois que je n’ai pas envie de la noter comme les autres romans que je peux lire. C’est pourquoi, même s’il s’agit d’une réédition, la «Black Ink Note » me semble malgré tout appropriée, atypique et presque unique à l’image de « Jeu Vespéral».




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