Nous remercions les Editions Black Ink pour ce Service de Presse.
Angel Arekin est une de mes auteures préférées, je reconnais que je suis addict à sa plume. Elle a le don de nous entraîner dans des contrées livresques inattendues et de nous prendre à contre pied. J’attendais avec impatience de recevoir «Tes Notes Pourpres», j’ai même commencé ma lecture avant ma copine Jouly, c’est dire!
«Le cri du silence» fut un coup de cœur pour moi, qu’en est-il de ce nouvel opus?
Alors que j’ai mes écouteurs vissés à mes oreilles, à écouter certains morceaux associés à ce roman, je ne sais pas par quel bout je vais entamer cet avis...j’ai tant à dire! La dernière fois que j’ai ressenti un truc pareil c’était pour mes chroniques sur «Esme», voyez un peu, je suis mal barrée!
Il est fort probable que cet opus soit la parfaite alliance entre la souffrance, la musique et l’amour, comme un accord exquis qui vous bouleverse, tant vous en avez la chair de poule et les larmes aux yeux. Voilà l’état dans lequel j’étais plongée en lisant «Tes notes Pourpres». Le thème choisi par l’auteure apporte une caisse de résonance à l’actualité. Ce que Evi et Souline ont vécu au sein de ce pensionnat fait froid dans le dos. Pourtant, ils ont réussi à se créer leur propre bulle de protection, planqués au fin fond de cette abbaye sinistre. Un amour d’une puissance absolue les lie et leur offre ce dont ils ont le plus besoin: l’un de l’autre. A seulement 15 ans, ces deux-là ne sont plus des enfants...Les horreurs, le mal et la souffrance vont avoir raison d’eux ainsi que l’instinct de protection d’Evi…Souline va quitter le pensionnat et elle ne reverra plus celui qu’elle aime si fort.
15 ans plus tard, chacun a fait sa vie mais Souline n’a jamais oublié son premier amour. Son personnage m’a particulièrement touchée. Elle est si tenace, prête à tout pour retrouver son ancien amour et revivre ne serait-ce qu’une seule minute, cette sensation de bien-être qu’elle ne ressent que lorsqu’elle est auprès de lui. Le passage où Souline joue de son violon le morceau « Vuelvo Al Sur» illustre à merveille leur relation: puissante et violente à la fois. La jeune femme n’a jamais cessé de jouer, parce que c’est la dernière chose qui la relie à Evi. A plusieurs reprises, elle m’a mis les larmes aux yeux, sa détermination à comprendre Evi et son besoin viscéral de lui m’ont totalement émue et touchée.
Evi...que dire le concernant, mis à part qu’il vous fiche une sacrée claque ( livresque bien sûr!). Jamais un personnage n’a jamais aussi bien représenté la souffrance de l’enfance et ses conséquences. Celle engendrée par ce qu’il a subi, celle entretenue par le départ de Souline et celle attisée par la poursuite de sa quête, d’une chimère et de sa soif de vengeance...Son âme est-elle perdue? L’amour qui l’unit à Souline sera-t-il suffisant pour le détourner d’un destin funeste…?
Outre ces deux personnages, Angel Arekin a crée en celui de Malezan, un pervers manipulateur de haut vol ! Odieux ? Le mot est trop faible, un destructeur d’âmes serait peut-être plus approprié...et dire que parfois la réalité dépasse bien souvent la fiction, ça glace le sang!
Le tout est magnifiquement orchestré par l’auteure de sa plume (baguette) magique, et servi par une playlist absolument divine ! Les morceaux « Once upon a december » et le thème principal de la BO de « La liste de Schindler » ont particulièrement accompagné ma lecture. J’ai aussi beaucoup écouté «Nassum Dorma » (que ne fait pas partie de la playlist) joué au violoncelle par Stjepan Hauser. L’intensité de ce morceau rend hommage à la beauté du couple formé par Souline et Evi.
Après toutes ces palabres, vous l’aurez sûrement compris, « Tes Notes Pourpres » est un immense coup de coeur et un coup au coeur ! Émotions et intensité sont au programme pour notre plus grand plaisir.
Une ode à l’amour avec un grand A.
Certaines musiques vous transcendent, vous bouleversent, il en est parfois de même avec les histoires, « Tes notes pourpres » en est le bel exemple. Angel Arekin est une virtuose des mots, les couchant sur les pages pour former une harmonie, une mélodie, sur un thème troublant, émouvant.
Cet amour sans limites, puissant est transcrit avec une extrême justesse, qu’on ressent chaque note puissamment, tout comme l’alchimie du musicien avec son instrument, son âme.
L’amour de la musique a réuni, uni, Souline et Evi, les protégeant de la cruauté, dans un lieu où la bienveillance aurait dû être le maître mot. Ils se sont créé une bulle, l’alimentant d’amour, de réconfort, de notes de musique.
La playlist est juste une merveille qui permet de s’immerger dans l’ambiance. Certaines pièces classiques sont mes préférées et pourtant je les ai encore redécouvertes, orchestrées qu’avec des cordes, ou en duo, ça change tout.
Le personnage de Souline est déchirant puisqu’on la voit s’acharner à vouloir recréer des liens avec Evi qui repousse violemment toutes ses tentatives. C’est à travers ses yeux qu’on aime Evi, parce que la part sombre, dure, contemporaine n’est guère séduisante. Pourtant, les points de vue d’Evi renseignent sur cette froideur, ce rejet.
C’est excessivement intense en sentiments, qu’ils soient fragiles, bons ou mauvais, certains auront permis un épanouissement, quand d’autres rongent, grignotant la part d’humanité. À l’image de la scène de l’auditorium ou celle de la douche, les mots me manquent pour les décrire, de l’extase au déchirement absolu.
La survie de l’un, a précipité l’autre dans les ténèbres, par amour, protection, sans oublier la cruauté physique et morale persistante qui vous brise un être, vous obtenez deux âmes sœurs qui saignent d’avoir été volées à l’autre... et un lecteur dont les larmes coulent, les tripes se tordent sans cesse... Voilà le pouvoir de la plume de cette auteure ! Elle vous place au centre du duo Evi-Souline, vous êtes au cœur de la tourmente, d’un amour infini, contrecarré par l’esprit d’un pervers, un psychopathe malfaisant distillant son poison, par des mots, des manipulations mentales sur des êtres sans défense, rongés de honte, les poussant peu à peu à se consumer de colère.
Ce machiavélisme existe malheureusement, il est d’autant plus abject sur des enfants innocents... Comment rester insensible face à des atrocités perpétrées en silence, ignorées sciemment par les adultes, couvertes par les autorités ou les croyances ? Je n’ai pas pu et je crois que peu le pourraient…
Tout est mené tambour battant par l’angoisse, la tension qui montent pour finir en apothéose, en surprenant son lecteur, mais pouvait-il en être autrement ?
Elle fait partie de ses pépites livresques qui vous touchent à jamais, tellement cette histoire d’amour singulière, s’interrogeant sur la morale, bouleversent nos codes et notre cœur pour notre plus grand plaisir.
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